Commissariat : Valérie Pozner, directrice de recherche (laboratoire THALIM, CNRS), Benjamin Guichard, directeur scientifique de la BULAC
Conception graphique : Emmanuelle Garcia (e.deux)
En publiant son pamphlet Et pourtant elle tourne, au début de 1922, le poète et journaliste Ilya Ehrenbourg (1891-1967) avait pour objectif de retisser les liens entre artistes russes et européens après la rupture de la guerre et de la révolution. Manifeste en faveur de l’art moderne, son ouvrage présentait un panorama des arts occidentaux, en insistant sur le tournant fondamental opéré depuis la guerre : l’art ne pouvait plus être un ornement offert à la contemplation, mais devait viser l’utilité au quotidien.
Le modèle de l’artiste devenait l’ingénieur. L’ouvrage était d’ailleurs illustré de ponts tournants, paquebots, hydravions et grues mobiles autant que d’œuvres sculptées, de publicités ou de caricatures de Chaplin. Les convergences étaient fortes avec le constructivisme russe alors en pleine phase d’élaboration, et le manifeste d’Ehrenbourg fut dans l’ensemble très bien reçu par l’aile gauche des artistes en Russie. Ceux-ci y virent la preuve que leurs intuitions étaient partagées au-delà des frontières.
L’objectif de déboulonner l’art de son piédestal, de mettre l’artiste à l’égal de l’ouvrier, d’abandonner la peinture de chevalet pour la fabrication d’objets utilitaires, animait en effet nombre de théoriciens et de praticiens soviétiques. Leurs mots d’ordre et programmes furent déclinés tout au long des années 1920 dans une variété de champs, du théâtre à la musique en passant par le cinéma, la photographie et l’écriture journalistique. Il se traduisit surtout dans l’architecture et le graphisme, et imprima visuellement sa marque à une multitude d’ouvrages et de revues. Perçu aujourd’hui comme un style – dans l’affiche, l’édition, le photomontage, le textile, le bâtiment –, il a été progressivement coupé de la réflexion théorique qui l’a fait naître et accompagné. L’anthologie L’Art dans la vie ! (à paraître en 2021 aux Presses du réel-Centre Pompidou) a l’ambition de réunir un ensemble conséquent de textes parus entre 1918 et 1931, afin de montrer la cohérence et les divers aspects d’une pensée menée aussi bien par des théoriciens que par des artistes et des critiques.
En parcourant la salle de lecture du rez-de-jardin, vous découvrirez des panneaux d’exposition couvrant 10 thématiques – théorie, arts graphiques, théâtre, architecture, cinéma, photographie, design, littérature, corps/geste, musique. En regard, des documents originaux exposés sous vitrines vous livrent un témoignage de la diversité et de la variété du constructivisme soviétique.
Date :
Du 15 mars au 7 mai 2021 :
lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 9h à 18h
Lieu :
Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC)
65 rue des Grands Moulins
75013 Paris
Réseaux sociaux
https://fr-fr.facebook.com/BULAC.Paris/
Type de réservation :
reservation / gratuit
Crédit :
Collections de l’Institut d’études slaves déposées à la BULAC.